Sérénité

Aux chemins des montagnes qui touchent le ciel bleu,

 

A ces volets qu’on ouvre, d’un bois noirci, rugueux,

 

A l’eau de ces ruisseaux, au chant gris de leur source,

 

Assourdi par la neige, au goût de l’ail des ours,

 

 

Au bruissement du vent, au mouvement des branches,

 

A la bise glacée sur nos joues le dimanche,

 

A ces enfants qui jouent, au sommeil des abeilles,

 

Au silence bleuté quand tombe le soleil.

 

 

Au gris de nos rivières dévalant les vallées,

 

Aux pluies diluviennes d’un matin délavé,

 

A la blancheur des cimes sous une nuit étoilée,

 

Au rouge d’un front d’enfant dans le froid de Janvier.

 

 

A ces deux chiens qui dorment, blottis l’un contre l’autre,

 

A ce chat qui s’endort et semble être des nôtres,

 

Aux traces de sanglier sur le tapis neigeux,

 

Aux branches retournées, aux flots tumultueux.

 

 

A tous ceux qui nous manquent et qui guident nos pas,

 

A l’absence pesante de ceux qu’on n’oublie pas,

 

A tous ces nouveaux-nés qui nous font marcher droit,

 

A nos enfants pour qui nous menons le combat !

 

 

A toi, mon ami qui entreprend et transforme,

 

Qui ose te lever quand tous les autres dorment,

 

De tes mains tu construis quand tant d’autres détruisent,

 

Cet avenir meilleur, toi tu le concrétises !

 

 

Nous changerons le monde, sans un grand manifeste,

 

Aux vides des discours, nous préférons les gestes,

 

De nos petits ruisseaux naîtra un fleuve tranquille

 

Grondant, inarrêtable, de loin presque immobile,

 

 

Nous tous sommes la Force, la Puissance et la Sève,

 

Circulant, invisible, et qui demain se lève,

 

Étincelles de bourgeons, enflammons les bosquets,

 

Faisons de mille feux s’embraser les forêts.